H2 déboucla la dernière sangle qui retenait Scott5 et s'éloigna d'une impulsion du pied. Il flotta jusqu'à la main courante qu'il agrippa sans quitter son équipier des yeux. L'imposant mineur dériva hors de son compartiment de couchage en se frictionnant les bras et en roulant des épaules.
«J'ai assez dormi pour la décennie.» Scott5 leva les yeux vers H2. «J'ai plus envie d'être inconscient pendant qu'on décide mon avenir à ma place.
—Je n'ai pas pour habitude d'imposer ma volonté aux autres, mais dans ce cas précis, je n'avais guère le choix. Je devais agir.» H2 baissa les yeux un moment puis releva la tête. «Je te répète une dernière fois: tu te tiens tranquille et je ne serai plus obligé de t'endormir. Je suis prêt à le refaire,» H2 mis la main sur la seringue qu'il gardait en permanence dans sa poche, «mais je n'y tiens pas.
—Comment tu réagirais si tu apprenais que ton coéquipier voulait précipiter le vaisseau qui te transporte sur la planète?
—Encore une fois, je ne veux pas écraser le cargo sur la Terre; je ne suis pas suicidaire. Je veux juste être entendu. Après hier, je sais qu'ils vont m'écouter, là bas sur Terre. Je vais pouvoir avancer.»
H2 ne voulait pas mourir, mais il était prêt à donner sa vie pour sa cause si nécessaire. Il ne servait toutefois à rien d'alarmer Scott5 outre mesure. Il ne voulait pas anéantir la confiance qu'il avait réussi à restaurer entre les deux hommes.
La menace d'interception qu'avait proférée le Prévôt la veille avait longtemps résonné dans son esprit. Il n'avait cessé de rechercher les suites qu'il pouvait donner à son plan jusqu'à ce que la nuit artificielle du cargo fut survenue. Sans solution, H2 était allé se coucher et à sa grande surprise, avait passé une nuit calme et reposante. Les appels de Scott5 qui voulait reprendre sa liberté l'avaient réveillé au matin. Après que H2 eut expliqué ses motivations, son plan et ses espoirs, ils arrivèrent à un accord: H2 libérerait Scott5 s'il se tenait tranquille.
Scott5 observait H2, comme s'il cherchait à entrer dans la tête du pilote pour voir ce qui s'y tramait. Le colosse pouvait décider, soit de respecter sa part de l'accord, soit de se ruer sur H2 et de le contraindre physiquement à accoster le Mercure à Magellan sans dommages. H2 se figea, toute son attention focalisée sur les mouvements de son coéquipier, prêt à utiliser la seringue si nécessaire. Les yeux du colosse s'adoucirent et son regard se perdit un long moment dans les compartiments de rangement derrière H2.
D'un mouvement brusque de la tête, Scott5 regarda de nouveau sur H2. «Ok, je coopère. Quelque part, c'est aussi dans mon intérêt, et ça pourrait bien finir, hein?
—Je ferai tout pour.» H2 se détendit. «Tu peux me croire, je n'ai pas envie de mourir.
—Bon,» Scott5 se frappa dans les mains, «maintenant, j'ai faim. Il faut que je mange quelque chose.» Il flotta vers le compartiment des réserves et en explora le contenu.
H2 le regarda passer, perplexe. Jusqu'à quel point pouvait-il lui faire confiance? La réponse était simple: il ne pouvait pas, mais il n'avait pas le choix. Comme il ne se voyait pas forcer Scott5 à dormir indéfiniment, il lui faudrait composer avec lui et rester vigilant. Le fait que Scott5 ne savait pas piloter et qu'il en avait assez de dormir rassurait H2 sur son avenir immédiat. Toutefois, la situation pouvait évoluer et forcer Scott5 à revoir ses conclusions. H2 le garderait à l'oeil.
«Il reste de ces gâteaux aux amandes?» Scott5 avait la tête à l'intérieur du compartiment. «Tu sais, ceux que j'avais mis de côté pour une occasion spéciale. Je crois que c'est le moment.
—Dans le compartiment juste au dessus, je crois.
—Ah!» Le mineur investit le casier supérieur. «Les voilà.» Il plaça le paquet sous son bras et flotta vers la réserve de boissons. Il y prit un container de lait chocolaté qu'il réhydrata, se cala les pieds dans les étriers de stabilisation les plus proches et s'attaqua aux gâteaux. Il engloutissait chaque gâteau en une bouchée, mâchait pendant quelque secondes le sourire aux lèvres, avalait, buvait une gorgée de lait chocolaté et recommençait avec un nouveau biscuit. Il avait le même air satisfait que les gamins que H2 avait pu voir pendant sa formation dans des publicités vidéos. Scott5 appréciait les plaisirs simples que sa vie de clone lui accordait; mais les apparences pouvaient être trompeuses.
La radio retentit dans le poste de pilotage. Le gâteau que tenait Scott5 resta en suspens devant sa bouche. Le colosse posa un regard interrogateur sur H2, qui se changea en espoir lorsqu'il tourna la tête vers la radio.
H2 réagit le premier et se propulsa en direction du poste de pilotage. Pendant son trajet, il avertit Scott5: «je ne veux pas que tu interfères dans la conversation, ça pourrait nuire aux négociations,» et puis surtout, il ne voulait pas donner au Prévôt un allié potentiel. «Je te demande de rester ici et de préparer ton matériel pour l'accostage à Port Magellan.
—Mais...»
Il écarta la protestation de Scott5 d'un geste de la main. «C'est mieux comme ça. Fais ce que je te dis.» Alors que Scott5 se résignait, H2 franchit le sas.
H2 s'installa à son poste. L'écran du communicateur signalait l'arrivée d'un appel vidéo et demandait son accord pour établir la ligne. Le cargo devait être assez proche de la Terre pour que ses émetteurs transmettent en vidéo, mais est-ce que le pilote devait accepter le flux vidéo? Compte tenu de l'installation du bord, H2 ne pourrait empêcher Scott5 de suivre toute la conversation, ce qui était un désavantage; d'un autre côté, il aurait l'opportunité de montrer sa détermination et de voir à qui il avait à faire. Le pilote décida d'accepter la vidéo et établit la communication.
L'écran s'illumina. Sous l'insert de contrôle qui montrait son propre visage tel que ses interlocuteurs le voyaient, H2 découvrit le buste de deux personnages côte à côte dans un bureau. Il ne connaissait pas l'homme qui se tenait à gauche mais l'uniforme lui donna à penser qu'il s'agissait du Prévôt. Celui de droite ne lui était que trop familier.
«Passé une bonne nuit?» Le Prévôt, dont H2 reconnut la voix, affichait un large sourire. Il coinça sa badine sous son bras et continua: «Pas trop de cauchemars et de rêves d'explosion?
—J'ai bien dormi, Prévôt. Arrêtez de jouer et venons-en au fait. Avez-vous transmis mes demandes à votre hiérarchie?»
Le sourire du Prévôt s'émoussa, mais ne disparut pas. «Et bien, et bien. On n'est pas de très bonne humeur ce matin. Regarde qui je t'ai amené: Horatio. Je me suis dit qu'une petite discussion avec ton original te mettrait un peu de plomb dans la tête.
—Mauvaise idée. Je n'ai pas grand chose à dire à celui qui exploite son clone comme le font tous les originaux. Envoyer sa copie faire le sale boulot à sa place pour en retirer tous les bénéfices est précisément ce qui m'a poussé à faire ce que j'ai fait, Prévôt. Vous avez une bien étrange conception de la psychologie de la négociation.
—Parle-lui quant même, pour me faire plaisir.» Le sarcasme du Prévôt souleva le coeur de H2.
Le Prévôt plaça sa main dans le dos de Horatio pour l'inviter à prendre la parole. Il ajouta un hochement de tête insistant en voyant les hésitations de l'original. Un claquement de badine sur la jambe du Prévôt finit pas le décoincer.
«Bonjour, H2.» Horatio s'essuya les mains sur son pantalon. «Tu as bien changé depuis la dernière fois. Tu n'avais pas de barbe à l'époque, et tes cheveux étaient beaucoup plus courts.
—Et alors? Je n'ai pas le droit de faire ce qui me plaît avec ma tête? Vous voulez contrôler ça aussi?
—Non, non.» Horatio agitait ses mains devant lui, les paumes vers la caméra. «On dirait juste que tu fais tout pour ne plus me ressembler.»
H2 ne répondit pas. C'était vrai. Il venait de se rendre compte que c'était exactement ce qu'il avait cherché à faire en se laissant pousser les cheveux et la barbe. Il voulait couper les ponts qui le liaient à son original, s'en éloigner le plus possible.
Horatio l'aidait involontairement car il n'avait plus grand chose à voir avec l'original qu'on lui avait appris à connaître durant sa formation. Celui qu'il avait en face de lui paraissait plus petit, cachait mal son embonpoint derrière des vêtements trop justes pour lui et respirait en faisant autant de bruit que la ventilation du bord.
H2 changea de sujet. «Qu'est-ce que vous voulez? Vous avez une proposition à me faire? Sinon, nous n'avons rien à nous dire.
—Je voulais juste m'assurer que tu avais conscience des enjeux de ce que tu es en train de faire.
—Bien sûr je suis au courant.» La vision périphérique de H2 détecta un mouvement. Il jeta un coup d'oeil et vit Scott5 qui faisait des efforts pour s'approcher du poste de pilotage sans se faire remarquer. Comme il était encore loin, H2 le laissa faire. «Ce pourrait être le début de quelque chose de grand pour les clones, une révolution.
—Je pensais surtout à la valeur du cargo et de sa cargaison. Des centaines de personnes et des milliers d'emplois dépendent de leur bon retour.» Il fit une pause et se frotta les mains. Un peu en retrait, le Prévôt le regardait avec un mélange d'incrédulité et de dégoût. Il n'intervint toutefois pas. Horatio poursuivit: «Les conséquences financières de ton acte désespéré seraient dramatiques.
—Surtout pour vous!» H2 pointa l'écran du doigt. «Tout ce qui vous intéresse c'est vos profits. Vous me dégoûtez. Et vous voulez me convaincre de renoncer? Certainement pas. Prévôt, il va vous falloir trouver autre chose.
—Attends!» Le visage de Horatio virait au rouge. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. «C'est important. Pense aux implications...
—Ça suffit!» Le Prévôt passa devant Horatio qui, du coup, recula d'un pas. Il prit sa badine et se frappa la main. Le claquement résonna dans la pièce. Il fixa la caméra et pointa sa badine droit vers H2. «Ecoute moi bien, ersatz. Je te conseille d'arrêter tes conneries et d'arrimer gentiment ton cargo au port. Sinon, je mettrai mes menaces à exécution et j'enverrai mon escadrille faire le ménage bien avant ton arrivée à Magellan. Mon équipe décolle demain avec une mission de recherche et destruction à moins que tu changes d'avis.»
H2 ne put cacher sa surprise face à la violence des propos du Prévôt. Ils avaient dépassé le stade de la négociation subtile, en tout cas du point de vue du Prévôt. Son aversion des clones en général, et de H2 en particulier, allait bien plus loin que la crise que le pilote avait déclenchée. Il devait y avoir autre chose, un autre facteur quelque part. H2 détourna son regard de l'écran.
Scott5 s'approchait un peu plus du poste de pilotage. Il serrait dans ses mains le manifeste listant tout son matériel au point que ses articulations avaient blanchi. Son regard hésitait entre H2 et l'écran, ne s'attardant qu'une seconde ou deux à chaque fois. H2 ne pouvait lui en vouloir d'être inquiet. Avec ce qu'il venait d'entendre, il savait maintenant que deux individus voulaient détruire le cargo: H2 et le Prévôt. Son avenir ne devait pas lui sembler bien brillant.
H2 ne pouvait cependant pas se permettre d'introduire une variable supplémentaire dans l'équation. Il leva la main, paume tournée vers Scott5, pour lui ordonner de rester où il était. Scott5 se figea mais son expression ne changea pas. H2 étudia le mineur pendant quelques secondes et décida qu'il était pour l'instant sous contrôle. Il se concentra de nouveau sur l'écran de communication.
Le Prévôt avait croisé les bras en coinçant sa badine dans le creux de son coude gauche. Sa respiration était rapide, ses yeux grands ouverts par la colère. Le visage de Horatio avait gagné deux degrés sur l'échelle de la rougeur. Il regardait le Prévôt avec incrédulité. Manifestement, il n'avait pas été mis au courant de la possible destruction du cargo en haute orbite, et la perspective ne l'enchantait pas du tout. Il en avait oublié sa déférence face à l'autorité et s'était porté à la hauteur du Prévôt pour le regarder de plus près. Il y avait peut-être là une carte à jouer pour H2, à lui de trouver le meilleur moyen d'exploiter ce léger avantage. Il décida de semer une graine.
«Je ne pense pas que Horatio apprécie vraiment que vous détruisiez son cargo et sa cargaison.» H2 croisa les bras à son tour. «Après tout, c'est avec sa fortune que vous jouez.
—Que représente de l'argent face à l'intérêt de l'humanité toute entière?» Le Prévôt releva le menton. «Je vois ça comme un sacrifice pour le bien de la collectivité.
—Permettez-moi de ne pas être d'accord.» Horatio tapota l'épaule du Prévôt qui se tourna vers lui l'air contrarié. Horatio poursuivit: «Je n'aime guère qu'on parle de moi à la troisième personne, surtout quand je suis présent. Ce n'est pas un petit sacrifice que vous me demandez. Les enjeux financiers sont colossaux.
—Mais il s'agit toujours d'argent, rien d'irremplaçable.» Le Prévôt frappa sa jambe avec la badine. «On pourra toujours aller chercher une autre cargaison plus tard.
—Il y a plus que de l'argent dans ce cargo. Des milliers d'individus attendent son contenu pour obtenir l'énergie dont ils ont besoin, pour continuer de travailler, de gagner leur vie et de se procurer les équipements qui leurs sont nécessaires. C'est tout un pan de l'économie qui dépend de cette cargaison. C'est plus important que de faire un coup d'éclat sécuritaire en matant brutalement un clone qui pose des questions qui méritent d'être posées.
—Les revendications et les menaces de cette chose,» le Prévôt désigna H2 de sa badine tout en regardant Horatio, «ne sont absolument pas acceptables. Ce sont des méthodes de terroriste.»
H2 sourit en regardant son écran. Il avait réussi à retourner l'arme secrète du Prévôt contre lui. Le chef de la sécurité se retrouvait avec deux adversaires au lieu d'un. Horatio tenait à voir la cargaison arriver sur Terre; ses finances ne devaient plus être aussi saines que par le passé. S'il continuait de jouer serré, H2 pourrait retirer quelque chose de positif de cette discussion. Il continua d'observer le débat sur Terre.
Horatio faisait de grands gestes pour accompagner son discours. La timidité qu'il avait affiché au début de l'entretien avait disparu. H2 retrouva l'homme qu'il avait appris à connaître. Il savait se montrer convainquant quand ses intérêts étaient en jeu. «D'accord, les méthodes de mon clone sont discutables, mais la question de la place des copies d'humains dans notre société est réelle. Elle n'a pas été abordée jusqu'à présent, il serait peut-être temps de faire quelque chose, non? Je suis persuadé que si nous montrions un peu de bonne volonté, H2 serait prêt à revoir les conditions de ses demandes.
—Rien n'est moins sûr. On ne peut pas faire confiance à des gens qui se sacrifient pour une cause. Ce sont des fanatiques.
—Je suis persuadé du contraire.» Horatio se tourna vers la caméra. «H2, serais-tu disposé à modifier la trajectoire du cargo si on te donnait des garanties quant à la prise en compte de tes revendications?
—Il faudrait voir les détails, mais je ne suis pas contre.
—Vous voyez.» Horatio fit face au Prévôt les bras écartés. «Voilà ce que je vous propose: je me fais fort de représenter H2 devant nos institutions pour discuter de la place des clones dans notre société; en contre-partie, H2 renonce à écraser le cargo sur Magellan; et vous, vous n'allez pas le détruire dans l'espace. Qu'en dites-vous?»
H2 essaya de dissimuler ses émotions au mieux. Il ne demandait rien de plus que ce que son original venait de proposer. Il devait toutefois rester en retrait, de peur de perdre le léger avantage qu'il venait d'acquérir.
Le Prévôt restait silencieux en face de Horatio. Il devait évaluer à toute vitesse les implications de la proposition. Il croisa doucement les bras, sa badine coincée à l'intérieur de son coude.
Après une éternité, son verdict tomba: «Inacceptable.»
H2 eut l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac. Horatio réagit le premier. «Quoi! Et pourquoi cela, je vous prie?
—Si j'accepte vos conditions, ce sera donner le signal à tous les désespérés de la planète que la tactique de la terreur fonctionne. Nous nous retrouverons avec des dizaines de cas comme celui-ci en quelques mois. Je ne peux pas l'accepter.
—Allons! Personne d'autre que nous n'a besoin d'être au courant. La nouvelle n'est pas apparue dans les bulletins d'information et je suis certain que vous avez le pouvoir d'ordonner un black-out sur toute cette affaire. La vague de violence que vous craignez n'aura pas lieu.
—Même, je ne peux pas laisser son crime impuni.» Le Prévôt désigna H2 du pouce. «Les menaces qu'il a proférées sont punissables par la loi. Et puis je n'ai aucune garantie qu'il ne va pas jeter son cargo sur la Terre de toute façon. Je ne peux pas me permettre ce risque.
—Incroyable.» Horatio laissa retomber ses bras. «Je ne vous comprends pas. Vous avez une solution honorable à portée de main et vous ne faites aucun effort. Je suis sûr qu'il doit y avoir un moyen d'obtenir cette garantie. A nous de la trouver.
—Il n'y a pas de moyen infaillible. Le risque est inacceptable.» Le Prévôt serra un peu plus ses bras croisés comme pour se blinder un peu plus.
La porte qui s'était entrouverte quelques minutes plus tôt venait de se refermer avec fracas. H2 trouvait les arguments du Prévôt plus que douteux. Horatio était du même avis: «Pourquoi vous obstiner ainsi? C'est hallucinant d'être têtu à ce point.
—Je crois que le Prévôt a des raisons qui n'ont rien à voir avec ce qui se passe en ce moment.» H2 s'approcha de l'écran aussi loin que les sangles le lui permettaient. «Je pense qu'il a une dent contre les clones. Je ne sais pas exactement de quoi il s'agit, mais nous pouvons tous les deux témoigner de son aversion pour les copies d'humains.»
Le Prévôt fusilla du regard l'image de H2. Le pilote avait touché un point sensible. Horatio le regardait en secouant la tête, il avait tiré la même conclusion pour lui-même.
«Alors, que fait-on?» H2 se cala au fond de son siège. Il vit Scott5 se rapprocher un peu plus de l'écran du communicateur mais ne réagit pas. «Chacun campe sur ses positions et on va au clash?
—Ma positon ne variera pas.» Le Prévôt parlait entre ses dents. «J'ai l'avantage. Mon escadrille décolle avec ordre d'interception demain. La seule voie de sortie passe par ta reddition sans condition.
—Ce que je ne vais certainement pas accepter. Advienne que pourra.
—C'est tout?» Scott5 entra dans le champ de la camera du communicateur. Il s'adressait à la fois au Prévôt, à Horatio et à H2. «Les négociations sont terminées; il n'y a pas d'échappatoire. Le cargo sera détruit d'une façon ou d'une autre, avec tous ceux qui sont à bord.» Il regardait ses interlocuteurs en attendant une réaction, mais aucune ne vint. «Je n'ai rien à voir avec vos histoires, moi. Est-ce que quelqu'un peut me sortir de là? Est-ce que quelqu'un peut m'aider?»
Le Prévôt s'approcha de son communicateur sur son bureau, jeta un oeil sur Scott5, grogna de dérision et coupa la communication.
Le bourdonnement du cargo remplit bientôt le silence oppressant. L'atmosphère du cargo était pesante, suffocante. Scott5 regarda en direction de ses pieds avant de pivoter d'un mouvement du poignet et de se propulser vers la section principale sans un mot. Provenant de l'endroit où se trouvait le visage du colosse, une goutte d'eau traversa le poste de pilotage pour s'écraser sur l'écran du communicateur.